Toxidermies sévères liées à une prescription inappropriée des médicaments : étude nationale rétrospective

Publication date: December 2017
Source:Annales de Dermatologie et de Vénéréologie, Volume 144, Issue 12, Supplement
Author(s): G. Chaby, L. Valeyrie-Allanore, T.-A. Duong, B. Lebrun-Vignes, B. Milpied, B. Sassolas, F. Tetart, P. Wolkenstein, O. Chosidow, L. Fardet
IntroductionLe groupe SJS-NET (syndrome de Stevens-Johnson–nécrolyse épidermique toxique) et le syndrome d'hypersensibilité médicamenteuse (DRESS) sont des toxidermies sévères qui peuvent engager le pronostic vital. L'objectif de ce travail était d'évaluer la proportion de ces toxidermies qui était facilement évitable.Matériel et méthodesIl s'agissait d'une étude rétrospective multicentrique de tous les cas validés de DRESS et SJS-NET dans un registre national et un centre de référence au cours de la période 2003–2016. Pour chaque cas, l'indication de tous les médicaments retenus comme potentiellement imputables était analysée. Les toxidermies étaient classées comme évitables si (1) l'indication du ou des médicaments imputable(s) était non conforme à l'AMM et non justifiée par les recommandations issues des « données actualisées de la science » ou (2) s'il s'agissait d'une réintroduction du médicament malgré un antécédent connu d'allergie ou (3) en cas d'automédication pour un médicament normalement disponible sur prescription. Les cas étaient classés comme douteux si les médicaments imputables ne répondaient pas tous à la définition, soit d'un cas évitable, soit d'un cas non évitable.RésultatsParmi les 779 cas recensés, 602 ont été inclus dans l'analyse (260 DRESS et 342 SJS-NET). L'étude de l'évitabilité a permis de classer les toxidermies en 417 cas non évitables (69,3 %), 144 évitables (23,9 %) et 41 cas douteux (6,8 %). Parmi les 158 prescriptions recensées parmi les cas évitables, 65,8 % étaient liées à la prescription d'une molécule pour une mauvaise indication (essentiellement allopurinol et cotrimoxazole), 20,9 % à une réintroduction accidentelle du médicament (en majorité un antibiotique). Les cas secondaires à une automédication étaient principalement liés à la prise d'un AINS.DiscussionNotre étude montre qu'un quart des toxidermies sévères est évitable et qu'une large part est liée à une prescription pour une mauvaise indication, notamment en ce qui concerne l'allopurinol. Au regard de l'augmentation constante de la prescription de l'allopurinol observée dans les différentes études, les mises en garde répétées sur le respect des règles de juste prescription de l'allopurinol est un élément déterminant de la prévention. Le constat d'un mésusage important du cotrimoxazole chez nos patients, combiné à l'accroissement de ses indications anti-infectieuses relevé dans la littérature, sont des signaux qui méritent la plus grande vigilance. L'absence de prise en compte d'un antécédent d'allergie est identifiée comme l'autre principale cause d'évitabilité, pointant les insuffisances qui persistent dans le signalement des patients concernés.ConclusionLe respect des règles de juste prescription semble être un élément déterminant de la prévention et de la réduction de l'incidence des DRESS et SJS-NET.



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